Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/423

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prince avec qui il n’osoit se mesurer sans s’exposer à d’étranges suites. Cependant, sa passion étant plus forte que sa raison, il vouloit, ayant que de le quereller, savoir au vrai s’il ne se méprenoit pas ; et, ayant mis pour cela des espions en campagne, il fut averti d’un rendez-vous que ces amans avoient pris ensemble, et il se trouva lui-même devant la porte en gros manteau, afin d’être plus sûr si cela étoit vrai ou non. Comme il eut vu de ses propres yeux qu’on ne lui avoit dit que la vérité, il résolut de quereller le duc de Longueville à la première occasion ; et, l’ayant rencontré bientôt après, il lui dit à l’oreille qu’il le vouloit voir l’épée à la main. Le duc de Longueville lui répondit, sans s’émouvoir, qu’il devoit apprendre à se connoître ; qu’il se pouvoit battre contre ses égaux, mais que, pour lui, il avoit appris à ne se jamais commettre avec des gens dont il n’y avoit pas longtemps qu’on connoissoit les ancêtres.

Ce reproche fut sensible au marquis d’Effiat, de l’extraction duquel l’on n’avoit pas grande opinion dans le monde [1]. Cependant, comme il n’étoit pas tout seul dans l’endroit où il avoit parlé au duc de Longueville, il s’éloigna sans faire semblant de rien et sans même donner aucun soupçon de ce qu’il lui avoit dit. Le duc de Longueville sortit peu de temps après ; mais comme il avoit quantité de pages et de laquais à

  1. L’origine de cette maison ne remonte qu’au milieu du XVIe siècle ; et le marquis d’Effiat, petit-fils du maréchal, n’étoit que le sixième dans les listes généalogiques de la famille, qui, du reste, alliée aux Sourdis, comme nous avons vu, l’étoit aussi aux Montluc.