Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/454

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L’aventure de M. L’Avocat, que tout le monde ne manqua pas d’imputer à la duchesse de La Ferté, donna un grand chagrin à la maréchale de la Motte, sa mère, qui d’ailleurs n’étoit guère plus contente de la duchesse de Ventadour, qui accusoit son mari de lui avoir fait présent d’une galanterie, mais qui, sous prétexte qu’il étoit débauché, s’en donnoit à cœur joie avec M. de Tilladet [1], cousin germain du marquis de Louvois. Le duc de Ventadour étoit un petit homme tout contrefait, mais qui ne manquoit pas de courage, tellement qu’ayant eu quelque vent de l’intrigue de sa femme, il résolut de l’observer si bien qu’il pût la prendre sur le fait. Pour cet effet, il lui permit de faire un voyage avec la duchesse d’Aumont, sa sœur [2], se doutant bien qu’en cas qu’il en fût quelque chose, le galant ne manqueroit pas de se rencontrer en chemin. Cependant il monta à cheval pour voltiger sur les ailes, et il arrivoit tous les soirs incognito à la même hôtellerie où sa femme logeoit. Il n’eut pas fait ce manége cinq ou six jours, qu’il vit arriver en poste M. de Tilladet, qui fut si pressé de voir madame de Ventadour, qu’il ne se donna

    En 1671 il revint de Suède, où il avoit été envoyé comme ambassadeur, pour occuper la place de ministre d’État pour les affaires étrangères.

  1. M. de Tilladet étoit fils de Gabriel de Cassagnet, marquis de Tilladet, capitaine au régiment des gardes, et de Magdelaine Le Tellier, sœur du chancelier, tante du marquis de Louvois.
  2. Françoise-Angélique de La Mothe-Houdancourt, mariée le 26 novembre 1669 à Louis-Marie d’Aumont et de Roche-Baron, duc d’Aumont, premier gentilhomme de la chambre du roi, dont elle fut la seconde femme.