Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/456

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Ce refus de madame de Ventadour outra entièrement son mari, et, comme il étoit beaucoup mutin, il défia le duc d’Aumont au combat, à qui il dit des choses tout à fait outrageantes ; mais à quoi il crut ne devoir pas prendre garde, parce qu’elles partoient d’un homme qui n’étoit pas en grande estime dans le monde.

Cependant, le duc de Ventadour ayant été obligé de partir sans sa femme, il fut se plaindre au grand Alcandre du procédé du duc d’Aumont ; et les plus grands de la cour ayant pris parti dans cette querelle, le prince de Condé [1], qui étoit proche parent du duc de Ventadour, dit des choses fâcheuses à la maréchale de La Motte, qui, prétendant excuser sa fille et le duc d’Aumont, tâchoit de déshonorer le duc de Ventadour. Le grand Alcandre défendit les voies de fait de part et d’autre, et, ayant pris connoissance de l’affaire, il donna le tort au duc, et permit à sa femme de retourner avec lui ou de se retirer en religion, selon que bon lui semblerait.

Ces deux partis n’accommodoient guère la duchesse, qui en eût bien mieux aimé un troisième s’il eût été à son choix, qui étoit de demeurer avec la duchesse d’Aumont, sa sœur, où elle eût pu voir tous les jours M. de Tilladet ; mais le grand Alcandre ayant prononcé, ce fut à elle à se soumettre à son jugement, ce qu’elle fit en se

  1. Anne de Levis, duc de Ventadour, grand-père du duc dont il est ici parlé, avoit épousé, le 26 juin 1593, Marguerite de Montmorency, sa cousine, qui mourut le 3 décembre 1660. Celle-ci étoit fille de Henri de Montmorency, dont une autre fille, née d’un second lit, épousa Henri de Bourbon, père du grand Condé.