Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/457

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retirant à un petit couvent au faubourg Saint-Marceau [1]. M. de Tilladet la vit là deux ou trois fois incognito, du consentement de la supérieure.

Peu de temps après, les exilés dont j’ai parlé tantôt revinrent à la cour, et ils furent obligés de se montrer plus sages. Le duc de La Ferté trouva sa femme guérie, mais L’Avocat ne l’étoit pas ; et quoi qu’il se fût consolé d’abord, dans l’espérance, comme j’ai dit, d’être après cela en meilleure réputation dans le monde, il lui en coûta si cher, qu’il auroit renoncé de bon cœur à toutes les vanités du monde et être sorti du bourbier où il étoit. Enfin son chirurgien l’ayant tiré d’affaire, il ne se souvint plus du mal qu’il avoit eu ; et comme il avoit ouï parler de l’affaire du duc d’Aumont et du duc de Ventadour, et que son sort étoit de s’entremettre pour les accommodemens, comme je dirai ci-après, il dit à l’un et à l’autre qu’il étoit bien fâché de n’avoir pas été en bonne santé dans ce temps-là, et qu’il auroit tâché de leur rendre service.

Cependant, comme il avoit la couleur d’un véritable mort, chacun demanda s’il revenoit de l’autre monde ; à quoi il fut fort embarrassé de répondre. Mais s’étant à la fin aguerri à toutes ces demandes, il fut le premier à en rire avec les autres, ce qui fit cesser toutes les railleries qu’on lui en faisoit. Cependant, la duchesse de La Ferté lui en ayant un jour voulu faire la guerre, comme naturellement il est fort brutal : « Morb…,

  1. Il y avoit au faubourg Saint-Marceau, rue de Lourcine, un couvent de religieuses cordelières de l’ordre de Sainte-Claire. L’abbesse y étoit élective et triennale, et y jouissoit de dix mille livres de rentes.