Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/460

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(car le grand Alcandre lui avoit attribué la connoissance de ces sortes de choses), il étoit bien aise qu’il lui en dît son sentiment.

L’Avocat lui demanda de quoi il s’agissoit, et, le maréchal lui ayant dit qu’il avoit dû voir les informations, le maître des requêtes lui répondit que son secrétaire ne les lui avoit pas encore données ; ce qui lui servit d’excuse légitime, le maréchal sachant que c’étoit un usage établi chez lui que de laisser tout faire à son secrétaire. Il lui dit donc que la dame qu’il voyoit là devant lui se plaignoit qu’un gentilhomme, qui étoit aussi là présent, l’avoit déshonorée par des contes scandaleux, et dont elle demandoit réparation ; que quoiqu’il n’y eût point de témoins, la chose étoit néanmoins avérée par le propre aveu du gentilhomme, qui soutenoit que, bien loin d’avoir eu tort de parler mal de cette dame, il en avoit eu fort grande raison ; que, pour justifier cela, il rapportoit qu’il l’avoit aimée passionnément, avoit recherché toutes les occasions de lui rendre service, lui en avoit rendu même d’assez considérables, jusqu’à lui avoir prêté pour une seule fois deux cents pistoles ; mais que, pour toute récompense, elle ne lui avoit donné qu’une maladie qui l’avoit tenu trois mois entiers sur la litière, dont croyant avoir lieu de se plaindre, il avoit publié que cette dame n’étoit pas cruelle, mais que cependant il ne vouloit plus de ses faveurs à ce prix-là.

L’Avocat, entendant une histoire qui avoit tant de rapport avec la sienne, crut que son intrigue étoit découverte, et qu’il falloit que quelqu’un eût écouté au travers de la porte de la