Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/461

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duchesse de La Ferté. C’est pourquoi, perdant toute sorte de contenance, il rougit, il pâlit, et, mettant son manteau sur son nez, il dit au maréchal qu’il se mocquoit de lui, et prit le chemin de la porte sans lui rien dire davantage. Le maréchal, qui étoit dans son lit, rongé de ses gouttes, ne pouvant courir après lui, le rappela ; mais, voyant qu’il ne vouloit point revenir, il dit à son capitaine des gardes de ne le pas laisser aller comme cela et qu’il avoit besoin de lui pour accommoder cette affaire. L’Avocat fit difficulté de revenir, disant au capitaine des gardes que monsieur le maréchal se railloit de lui ; mais le capitaine des gardes lui ayant dit qu’il n’y avoit point de raillerie à cela, et que ce qu’il en faisoit n’étoit que parce qu’il eût été bien aise de rendre service à ces personnes-là, il rentra dans la chambre, et le maréchal lui demanda depuis quand il ne vouloit plus accommoder les gentilshommes : reproche qu’il lui faisoit parce qu’il savoit que, sous prétexte de cette occupation, il négligeoit les autres affaires qui étoient du dû de sa charge de maître des requêtes.

Après que L’Avocat se fut excusé le mieux qu’il put, on parla de l’affaire en question, et, sans attendre qu’on en déduisît tout au long les particularités, il conclut que le gentilhomme seroit envoyé en prison, d’où il ne sortiroit qu’après avoir demandé pardon à la dame, qui, pour le remercier de ses conclusions favorables, lui fit une grande révérence. Comme c’étoit là l’avis du maréchal, ce qu’il avoit dit fut suivi de point en point, de sorte que le gentilhomme fut envoyé en prison. Cependant, monsieur L’Avocat