Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/470

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que plus elle faisoit d’efforts pour la ravoir, plus elle étoit de conséquence, se tira à l’écart pour la lire, ce que la duchesse ne pouvant empêcher, il fut tout surpris d’y trouver des choses à quoi il ne s’attendoit pas.

Il dit en même temps à la duchesse que madame de Ventadour ne disoit pas vrai, qu’il ne lui avoit jamais parlé de rien, et que, pour lui faire voir qu’il ne l’avoit jamais estimée et qu’il ne l’estimoit pas encore, il feroit perdre son affaire à son ami. La duchesse de La Ferté lui dit qu’il n’en feroit rien, pour peu qu’il eût de considération pour elle ; que ce n’étoit plus l’affaire de sa sœur, mais la sienne propre ; qu’ainsi ce n’étoit pas avec la duchesse de Ventadour qu’il se brouilleroit, mais avec la duchesse de La Ferté. Madame de La Ferté eut beaucoup de peine à gagner cela sur lui ; mais lui ayant dit qu’elle ne croyoit rien de tout ce que madame de Ventadour lui mandoit, qui avoit un défaut commun avec toutes les belles femmes, qui étoit de prendre la moindre œillade pour une déclaration d’amour, elle lui donna moyen par là de se justifier auprès d’elle. Ainsi, L’Avocat, étant en si beau chemin, lui allégua qu’il falloit donc que madame de Ventadour eût interprété à son avantage quelques regards innocents ; et la duchesse, feignant de se confirmer toujours de plus en plus dans cette opinion, elle remit insensiblement son esprit, de sorte qu’il lui promit de faire tout ce qu’elle voudroit pour le gentilhomme en question.

[1] Pendant que tout ceci se passoit, l’on donna

  1. Tout le passage qui suit, et que nous laissons ici,