Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/475

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lui donna d’une manière si obligeante, que le présent étoit moins considérable par sa grandeur en lui-même que par la bonté qu’il lui témoigna en le lui faisant : car il lui dit qu’il ne lui donnoit cette charge que pour accommoder ses affaires, et non pour l’incommoder ; que s’il lui étoit plus utile de la vendre que de la garder, il lui vouloit chercher lui-même un marchand, et qu’il lui en feroit donner un million.

Le grand Alcandre continua toujours ainsi de lui donner des marques de son amitié, et les autres courtisans le regardoient comme une espèce de favori, mais bien plus digne d’occuper cette place que M. de Lauzun, qui méprisoit tout le monde, comme s’il n’y eût personne digne de l’approcher. Cependant cette faveur, qui ne laissoit pas de donner de la jalousie à un chacun, augmenta encore de beaucoup par le refroidissement où le grand Alcandre étoit tombé pour madame de Montespan et par la nouvelle passion qu’il se sentoit pour mademoiselle de Fontanges [1], qui étoit cette fille d’honneur de la femme de Monsieur dont j’ai parlé ci-devant : car le grand Alcandre ayant communiqué l’un et l’autre au prince de Marsillac, voulut que ce fût lui qui lui ménageât les bonnes grâces de cette fille ;

    de Guitri, étoit grand maître de la garde-robe en même temps que le marquis de Soyecourt.

  1. Marie-Angélique de Scorraille, demoiselle de Fontanges, étoit la sixième des sept enfants de Jean Rigaud de Scorraille, comte de Roussille, et d’Aimée-Éléonore de Plas ; la mère de mademoiselle de Fontanges étoit petite-fille par sa mère du maréchal de La Châtre. Née en 1661, on sait qu’elle mourut à l’âge de vingt ans, le 28 juin 1681.