Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/64

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de Soissons [1] ; mais en vérité le Roi en fit confidence à La Vallière et s’en divertit avec elle ; aussi alla-t-elle voir sans façon la Princesse Palatine et lui fit beaucoup de civilité et d’amitié [2]. Le Roi le sut et en eut du chagrin. « Quoi ! lui dit-il, si peu de jalousie ? Ah ! Mademoiselle, il y a peu d’amour. — Excusez-moi, lui répondit-elle, j’ai le cœur plus jaloux en amitié que qui que ce puisse être, mais j’ai trop bonne opinion de votre esprit pour croire que vous aimassiez une grande statue (et une grande masse de neige [3]). Cela ne satisfit point le roi, qui est le plus incommode de tous les hommes sur ce chapitre [4], de manière que, sans avoir nulle bonne raison, il picota cette

    Édouard, prince palatin du Rhin, mais sa fille aînée, alors âgée de vingt ans, dont la sœur cadette avoit épousé Henri Jules de Bourbon, prince de Condé. Cette fille aînée de la princesse Anne devint, en 1671, femme de Charles Théodore Othon, prince de Salm. Elle avoit vingt ans en 1666.

  1. Olympe Mancini, nièce du cardinal, pour qui le roi avoit eu une inclination avant d’aimer Marie de Mancini : elle étoit alors surintendante de la maison de la jeune reine. Voy. Amédée Renée, les Nièces de Mazarin.
  2. Var. : La copie de Conrart porte :
    « Madame de Chevreuse, ne pouvant rien pour elle, produisit madame de Luynes, qui est une des plus belles du royaume, avec peu ou point d’esprit. La princesse Palatine, madame de Soissons et madame la duchesse de Soubize, tout cela y fit ses efforts ; mais, en vérité, le roy en fit des trophées à La Vallière et s’en divertit avec elle. Aussi alla-t-elle voir sans façon la Princesse Palatine et lui fit cent civilitez. »
  3. Manque dans la copie de Conrart.
  4. Var. : On lit dans la copie de Conrart :
    « De manière que, durant un mois, il pressa La Vallière sans avoir bonne raison d’elle ; elle en souffrit quelque temps, mais enfin elle perdit patience et traita le roy à Vincennes comme un Basque. »