Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/65

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fille un mois durant. Elle en souffrit quelque temps avec une patience extrême, mais enfin elle le traita mal à Vincennes ; il le souffrit assez patiemment, quoiqu’il lui parût un désespoir épouvantable dans les yeux. Il vit Belfonds [1], à qui il dit qu’il étoit le plus heureux de tous les hommes de n’aimer plus que la gloire [2]. « Ah ! Sire, répliqua spirituellement Belfonds, la gloire [3] est une maîtresse plus difficile à servir qu’une femme ; et plût au ciel m’avoir donné un cœur aussi sensible à l’amour [4] comme il est à cette autre passion, je serois bien plus heureux. » Le Roi soupira sans lui répondre rien ; mais le jour suivant il vit mademoiselle de la Motte [5], qui est une beauté enjouée, fort agréable et qui a beaucoup

  1. Bernardin de Gigault, marquis de Bellefonds, premier maître d’hôtel du roi depuis trois ans à cette époque (1666), et deux ans plus tard maréchal de France. Il avoit alors trente-six ans et le Roi vingt-huit. Le marquis de Bellefonds se distingua par sa piété et contribua beaucoup à la retraite définitive de mademoiselle de La Vallière.
  2. Var. : de n’aimer que sa fortune. (Ms. de Conrart.)
  3. Var. : la fortune. (Ibid.)
  4. Var. : que le mien l’est à la gloire, je le serois bien plus souvent. (Ibid.)
  5. Mademoiselle de La Mothe-Houdancourt (Françoise Angélique), fille de Philippe de La Mothe-Houdancourt, duc de Cardonne, maréchal de France, et de mademoiselle de Toussy, fille de Louis de Prie, marquis de Toussy, dont le mariage eut lieu en novembre 1650, et dont elle étoit la seconde enfant. Elle ne pouvoit donc être née avant 1652 ; en 1666 à peine avoit-elle quatorze ans. Elle étoit déjà en 1663 fille d’honneur de la reine Marie-Thérèse, comme mademoiselle de La Mothe-Argencourt l’étoit de la Reine-Mère. Il y a souvent confusion entre ces deux noms. Ainsi mademoiselle de Montpensier dit dans ses Mémoires (édit. Maestricht, IV, 143) : « Mademoiselle de La Mothe-Houdancourt qui étoit entrée chez la Reine-Mère comme fille d’honneur