Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/79

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que le comte tourna en espagnol, par laquelle ils lui mandoient le mépris que le Roi faisoit d’elle, l’amour qu’il portoit à La Vallière, et mille choses de cette nature : car il est à remarquer que le dépit de Madame duroit toujours contre La Vallière, et que la Comtesse enrageoit qu’on lui vouloit ôter son amant pour elle. La señora Molina fut montrer cette lettre au Roi, qui la fit voir à de Vardes, et s’en plaignit à lui comme à un fidèle ami. En vérité il faut que l’amour soit une violente passion pour faire changer les inclinations en un moment, car il est constant que de Vardes est de bonne foi et la probité même ; cependant, s’il eut quelques remords de cette perfidie envers son Roi, ce ne fut que depuis le Louvre jusques à l’hôtel de Soissons, où il trouva sa maîtresse et ses confidens, lesquels railloient le Roi avec beaucoup de liberté ; ils le traitèrent de fanfaron qui prétendoit que l’amour ne devoit avoir de douceur que pour lui ; ils s’en écrivoient souvent en