Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/105

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« 7. Fuyez avec soin ce qu’on appelle amour dans le monde ; n’écoutez point les discours flatteurs de tout le monde : tel vous déifie dans ses discours, qui ne tend qu’à vous rendre la plus misérable des créatures. Bouchez donc, à l’imitation de l’aspic, vos oreilles à la voix de ces enchanteurs, et soyez fortement persuadée qu’il n’y a rien qui soit si dommageable à la réputation, et que, de tout ce qui est capable de gâter notre jugement, l’amour est le plus fort et celui dont on s’aperçoit le moins : car il n’allume son feu que pour nous aveugler, et nous troubler le cerveau et l’esprit. Et, pour nous en faire avoir de l’horreur, il nous est dépeint nu, non-seulement pour nous représenter son effronterie, mais encore pour nous apprendre qu’ordinairement il met en chemise ceux qui le suivent.

« 8. Si vous soumettez votre jugement à vos plaisirs, vous vous brûlerez d’un flambeau qui avoit été donné pour vous conduire.

« 9. Fuyez autant qu’il vous sera possible le jeu, car qui l’aime avec excès cherche à mourir dans la pauvreté.

« 10. Pensez plus d’un moment à ce que vous voulez dire, et plus de deux à ce que vous voulez promettre, crainte qu’il ne vous arrive d’avoir du déplaisir de ce que vous aurez promis avec précipitation.

« 11. Obéissez en toute révérence et avec joie à la personne à qui vous servirez, tâchant autant que vous pourrez à vous rendre utile ; ne point se laisser commander ce qu’on voit qui est nécessaire d’être fait, et considérer que le plus grand ressort qui fait agir la bonté des maîtres envers