Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lettre. Il se trouva au rendez-vous à l’heure assignée, où il lui dit mille douceurs. Elle, qui s’étoit apprivoisée avec lui, se plaignit de l’humeur hautaine de madame Olympe et de la manière indigne dont elle la traitoit. Le marquis s’offrit d’abord de la tirer de cet esclavage ; mais elle n’y vouloit point consentir dans le commencement, ne désirant, disoit-elle, faire autre chose que retourner chez son ancienne maîtresse ; mais il la sut si bien prendre, lui remontrant qu’elle seroit toujours dans un pareil état, au lieu qu’auprès de lui elle seroit maîtresse absolue de son bien, qu’elle donna son consentement pour le dimanche suivant, sur le soir, et s’abandonna entièrement à sa volonté. Il la remercia le plus éloquemment qu’il put, il l’embrassa et la baisa tendrement, à quoi elle ne fit pas tant la rigoureuse comme auparavant ; et il est à croire que, s’ils eussent été dans un autre endroit, elle n’en seroit pas sortie vierge. Quoi qu’il en soit, il la baisa aux yeux, à la bouche, au sein, et où il voulut. Il en étoit tant extasié, qu’il ne disoit rien. Quand elle se réveilla : « Il me semble, lui dit-elle, que vous voilà dans le même état que l’autre jour que vous fîtes cet impromptu de vers parce que je ne voulois pas vous donner un baiser. Si le chagrin vous en fit lors composer si promptement, il me semble que la joie que vous témoignez vous en devroit aussi dicter.—Vous avez raison, dit-il, Mademoiselle » ; et, après avoir un peu rêvé, il récita ceux qui suivent, en badinant avec elle :