Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/111

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Ma bouche soit de la tienne pressée,
Suçant également
De nos amours les faveurs plus mignardes ;
Et qu’en ces jeux nos langues frétillardes
S’étreignent mollement.
Au paradis de tes lèvres écloses
Je vais cueillir de mille et mille roses
Le miel délicieux.
Mon cœur s’y paît, sans qu’il s’y rassasie,
De la liqueur d’une douce ambroisie,
Passant celle des Dieux.
Je n’en puis plus, mon âme à demi fole
En te baisant par ma bouche s’envole,
Dedans toi s’assemblant.
Mon cœur hallette à petites secousses ;
Bref, je me fonds en ces liesses douces,
Soupirant et tremblant.
Quand je te baise, un gracieux zéphire,
Un petit vent moite et doux, qui soupire,
Va mon cœur éventant.
Mais tant s’en faut qu’il éteigne ma flamme,
Que la chaleur qui dévore mon âme
S’en augmente d’autant.
Ce ne sont point des baisers, ma mignonne,
Ce ne sont point des baisers que tu donne,
Ce sont de doux appas,
Faits de Nectar, de Sucre et de Canelle,
Afin de rendre une amour éternelle
Vive après le trépas ;
Ce sont des fruits de l’Arabie heureuse,
Ce sont parfums qui font l’âme amoureuse
S’éjouir dans ces feux ;
C’est un doux air, un baume, des fleurettes,
Où comme oiseaux volent les amourettes,