Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/112

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Les plaisirs et les jeux.
Parmi les fleurs de ta bouche vermeille,
On voit dessus voler comme une abeille
Amour plein de rigueur ;
Il est jaloux des douceurs de ta bouche :
Car aussi-tôt qu’à tes lèvres je touche,
Il me pique le cœur.

En finissant, il laissa aller un soupir, et dit : « Hé bien ! ma chère, que vous en semble ? y en a-t-il assez ? —Oui, certes, dit-elle, et je vous proteste que j’aime infiniment les vers ; et si je pouvois avoir pour vous plus d’amitié que je n’en ai, ce seroit le don que vous avez de faire les vers si galamment qui pourroit y contribuer plus qu’autre chose : car je vous avoue que j’ai une grande passion pour les poëtes, et tous les gens d’esprit, ce me semble, en doivent avoir aussi.—J’ai bien de la joie, ma chère, répondit-il, d’avoir quelque chose dans mes qualités intérieures qui vous plaise, et je vous assure que je m’y attacherai avec plus de plaisir, puisque vous y en prenez, et qu’il ne se passera rien de galant dont je ne vous fasse part en vers.—En vérité, je vous serai fort obligée », lui répliqua-t-elle.

Ils se dirent encore de tendres paroles, et se donnèrent quelques raisons, puis ils se séparèrent avec promesse de ne point manquer à l’assignation[1]. D’abord qu’elle fut de retour dans sa chambre, elle se mit à faire réflexion sur cette affaire. Et comme par hasard, en cherchant quelque chose dans son coffre, elle mit au même

  1. Rendez-vous.