Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/115

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Dis à mon âme pourquoi,
Cruelle, tu me dénie
Ce que tu as tant d’envie ?
Tu ne demandes pas mieux,
Mais je vois bien que tu veux
D’un front masqué contrefaire
La pudique et la sévère.
Ha ! tu te veux déguiser,
Et tu feins de mépriser
Mes folâtres gaillardises,
Et mes douces mignardises !
Mais par tes yeux éclairans
Comme deux astres naissans
Dans la céleste voûture,
Par ton beau front je te jure,
Et par cette bouche encor,
Mon plus précieux trésor,
Par cette bouche rosine,
Par tes lèvres ambrosines ;
Par tes blonds cheveux épars,
Dont l’or fin de toutes parts
Au gré du vent par secousse
Baise mille fois ta bouche ;
Par tes deux gentils tetons,
Par ces deux gentils boutons
Plus rouges que l’écarlate
Dont une cerise éclate ;
Par ce beau sein potelé,
Dont je suis ensorcelé :
Ne permets pas, je te prie,
Qu’ici je perde la vie.
Hélas ! déjà je suis mort !
A moins que d’un prompt effort,
Ma chère âme, tu n’appaise