Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/125

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à un si grand bonheur ; mais je me réserve celui de me dire toujours, Monsieur,

« Votre, etc. »


Avis touchant le Mariage.

a femme est une mer, et le mari nocher
Qui va mille périls sur les ondes chercher,
Et celui qui deux fois se plonge au mariage,
Endure par deux fois le péril du naufrage ;
Cent tempêtes il doit à toute heure endurer,
Dont n’y a que la mort qui l’en peut délivrer.
Sitôt qu’en mariage une femme on a prise,
On est si bien lié, qu’on perd toute franchise :
L’homme ne peut plus rien faire à sa volonté.
Le riche avec orgueil gêne sa liberté,
Et le pauvre par là se rend plus misérable,
Car pour un il lui faut en mettre deux à table.
Qui d’une laide femme augmente sa maison
N’a plaisir avec elle en aucune saison
Et seule à son mari la belle ne peut être :
Les voisins comme lui tâchent de la connoître.
Elle passe le jour à se peindre et farder ;
Son occupation n’est qu’à se regarder
Au cristal d’un miroir, conseiller de sa grâce.
Elle enrage qu’une autre en beauté la surpasse.
Semblable en leur beau teint à ces armes à feu
Qui, n’étant point fourbis, se rouillent peu à peu,
Si le pauvre mari leur manque de caresse,
On l’accuse d’abord d’avoir d’autre maîtresse :
La femme trouble un lit de cent mille débats,
Si son désir ardent ne tente les combats,
Et si l’homme souvent en son champ ne s’exerce,