Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/148

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qu’un parti d’entre eux l’ayant saisi dans l’année 1685, qu’il venoit d’Europe à la Martinique, le voulut tuer, lui et sa femme, après les avoir pillés ; néanmoins la compassion l’emporta et ils lui laissèrent la vie, et, lui ayant ôté son navire, ne lui laissèrent qu’une petite chaloupe pour se rendre à terre. Mais si jamais il est rencontré une seconde fois, il ne le sera jamais à la troisième. Le Roi, ayant donc fait cet achat, n’épargna rien pour le rendre un lieu agréable[1].

Madame Scarron, que nous nommerons à présent madame de Maintenon, n’oublioit rien pour en marquer au Roi ses reconnoissances : elle étoit assidûment deux heures le jour seule avec lui, et le Roi souvent lui communiquoit des affaires d’importance et suivoit aussi quelquefois ses avis, qu’il avoit trouvés bons en diverses occasions.

Cependant elle ne s’enorgueillissoit point auprès de madame de Montespan, et agissoit toujours avec elle avec respect et modération, ce qui les a tenues assez longtemps de bonne intelligence ensemble[2].

Les révérends pères jésuites[3] n’eurent pas plutôt

  1. Var. : L’édition de 1754 intercale encore ici quelques lignes. Après avoir dit : Le roi… n’épargna rien pour le rendre agréable à sa vieille », le romancier ajoute :

    « Il y fit des dépenses innombrables et prodigieuses ; il y fit aller des eaux, que, pour y faire rendre, il a fallu faire monter les montagnes et les traverser ; il joignit, pour cet effet, les montagnes ensemble, par des travaux si pénibles à son pauvre peuple, qu’il en coûta la vie à plus de soixante mille âmes, et tout cela pour assouvir l’insatiable passion qui l’a toujours possédé. »

  2. Voy. note 101 ci-dessus, p. 130.
  3. Le parti religieux eut, à n’en pas douter, une très grande part dans l’élévation, assez peu rapide d’ailleurs, de