Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/158

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tâchant de persuader Sa Majesté de se tenir à ce dernier choix, parce que la pluralité étoit un beaucoup plus grand péché que non pas un attachement particulier à une seule personne ; que le mariage étoit pourtant l’état le plus parfait pour une personne qui ne pouvoit demeurer dans le célibat ; mais que ne le pouvant pas, pour des raisons d’État, il étoit nécessaire pour sa conscience de ne s’attacher qu’à une seule, ce que le Roi lui promit pour l’avenir. Le Père La Chaise, qui étoit tout à fait content de l’acquisition que la Société venoit de faire de cette dévote, ne faisoit plus de difficulté de lui communiquer tout ce qui se passoit dans cette affaire, afin qu’elle prît là-dessus ses mesures dans les conversations qu’elle avoit journellement avec le Roi.

Mais il arriva un petit contretemps dans leur commerce galant : c’est que le Roi, qui est d’une complexion amoureuse, a de la peine à voir une belle sans concevoir d’abord de l’amour pour elle. Madame de Soubize[1], qui a beaucoup

    de Fontanges, à la mort de laquelle, dirent les pamphlets, elle n’auroit pas été étrangère. Le Roi continua à recevoir madame de Montespan, même après son mariage avec madame de Maintenon ; il ne lui donna donc pas ce congé absolu dont il est ici parlé.

  1. Madame de Soubise étoit Anne de Rohan Chabot, fille de ce Henri Chabot qui devint duc de Rohan, et dont le mariage avec Marguerite de Rohan avoit fait si grand bruit. Née en 1648, elle épousa François de Rohan, qui fit la branche des princes de Soubise, second fils d’Hercule, duc de Montbazon, et de Marie de Bretagne. Elle mourut le 4 février 1709, âgée de soixante et un ans.

    On lit dans les notes de Saint-Simon sur le Journal de Dangeau :

    « La beauté de madame de Soubise, dont le roi fut touché, fit la fortune de sa famille. M. de Soubise avoit eu une