Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/159

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de charmes et d’agréments, eut l’honneur de plaire à Sa Majesté ; mais comme cette dame est d’une vertu exemplaire, et avoit reconnu depuis quelque temps, au langage muet des yeux de ce monarque, qu’il avoit pour elle plus que de l’estime, et que le Roi cherchoit des moments de lui parler en particulier, elle fit son possible pour l’éviter, jusqu’à ce que, finalement, après quelque déclaration que le Roi lui avoit faite, elle pria son époux de la mener à une de ses terres, pour y passer le reste de la belle saison et tâcher de rompre par son absence tous les desseins du Roi. Cependant ce petit commerce avec madame de Soubize avoit en quelque façon altéré la liaison qu’il avoit avec madame de Maintenon. Elle s’en aperçut d’abord, et ne manqua pas d’en avertir le Père La Chaise. Elle ne voyoit plus au Roi cette assiduité qu’elle lui avoit remarquée auparavant. Néanmoins elle n’osoit en parler au Roi, de crainte de le chagriner, ou même de le perdre entièrement, car ce prince ne veut pas être contredit dans ses volontés impérieuses.

Madame de Maintenon, qui ne manque pas d’adresse, et qui savoit qu’autrefois elle avoit su lui plaire par le doux style de ses billets amoureux, jugea que peut-être elle pourroit encore réussir par cet endroit. Elle prit donc la résolution de lui écrire. Le Roi, qui vouloit prendre conseil d’elle sur quelque affaire, l’alla trouver dans son appartement, car il ne faisoit pas souvent de

    première femme qui n’avoit jamais prétendu au tabouret. La beauté de sa deuxième femme le lui valut, et, par degrés, le rang de princesse à la maison de Rohan… » (Journal de Dangeau, avril 1684, t. 1, p. 5.—Cf. ibid., p. 112.)