Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/176

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Roi dit : « Vous en avez assez mangé pour boire », et lui porta la santé du bon-homme.][1]

Le Dauphin ne répondit que par une profonde révérence, faisant semblant de ne le pas comprendre ; mais au sortir de table il ne manqua pas d’en avertir aussitôt madame la princesse de Conti, et lui conseilla d’aller voir la bonne vieille madame de Maintenon ; et c’est ce qui fut la cause de cette présente visite. Madame de Conti fit rouler la conversation sur le plaisir innocent que souvent l’on avoit dans la compagnie d’une amie, où l’on avoit la liberté de dire quelquefois une parole en liberté, sans dessein pourtant d’offenser personne. La Maintenon applaudissant à ce que madame de Conti disoit, après avoir bien tourné, la princesse dit que ces jours passés, pendant la collation que Monseigneur lui donna, ils s’entretinrent pendant une heure de toute la Cour et de madame de Maintenon même, sans dessein pourtant de choquer personne ; et comme elle ne doutoit pas que ces innocents divertissements sont souvent rapportés avec emphase, qu’elle ne savoit pas si l’on le lui avoit dit, mais qu’en tout cas elle n’avoit eu aucun dessein de l’offenser. La Maintenon, qui faisoit la dissimulée, auroit été bien aise de savoir de la bouche de madame de Conti ce qui s’étoit passé ; mais la princesse, qui ignoroit jusqu’où elle en étoit informée, n’osa se découvrir davantage, de peur d’en trop dire.

Ainsi finit sa visite, et elle dit en sortant : « Si

  1. Le passage compris entre crochets, nécessaire au sens, manque dans l’édition de 1754.