Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/187

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remarquer. Si cela pouvoit arriver, je vous assure que je ne parlerois jamais que vous avez été ma femme de chambre, pour ne pas causer du bruit dans votre ménage. — Je vous suis, repartit la Maintenon, fort obligée de toutes vos bontés et de toutes vos considérations ; je ne manquerai pas aussi de mon côté, lui dit-elle, aussitôt que je verrai monsieur le marquis de Montespan, de vous recommander, et l’assurer qu’à l’avenir vous voulez vivre d’une vie plus réglée que par le passé, et de l’exhorter à vouloir retirer une Madeleine repentante, lui faisant comprendre que mal aisément vous avez pu vous défendre des charmes du Prince, et je me garderai bien de l’instruire de tout ce qui se passe. Je vous ferai présent de quelque coussinet de senteur que j’apportai de Montpellier, pour cacher vos imperfections[1]. Je ne lui dirai pas aussi dans quel chagrin la Reine défunte est morte pour l’amour de vous ; je tâcherai, s’il m’est possible, de le désabuser des accusations dont l’on vous a chargée au sujet de la mort tragique de la pauvre mademoiselle de Fontange[2], que vous avez sacrifiée à vos passions ;

  1. Les parfums de Montpellier avoient alors la vogue. Dans le Traité des parfums publié en 1693 par Simon Barbe (1 vol. in-12), sous ce titre : « Le Parfumeur françois, qui enseigne toutes les manières de tirer les odeurs des fleurs et à faire toutes sortes de parfums », on trouve, p. 11, « la manière de parfumer la poudre de cypre comme à Montpellier », et, p. 85, la recette pour les « toilettes de senteur de Montpellier. »
  2. Nous avons cité plus haut, p. 58, une lettre où Louis XIV défend de faire des recherches qui auroient pu confirmer les bruits, déjà répandus, au sujet de la mort de mademoiselle de Fontanges.