Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et je ne doute pas après cela, continua-t-elle, que si vous voulez lui rendre les soumissions que doit une femme repentante, qu’il ne vous pardonne, car il est bon homme. Voilà, lui dit la Maintenon, tout ce que je puis faire pour vous.

— En voilà aussi, repartit madame de Montespan, plus que je ne vous en demande : l’on appelle cela des œuvres de superérogation. Si vous savez si bien prôner ces jeunes demoiselles que vous avez sous votre direction, elles sont dans une bonne école, et je crois que sous une si bonne maîtresse elles ne sont pas oisives, et que vous leur faites faire souvent l’exercice.— Elles le feroient encore mieux, repartit la Maintenon, si elles étoient à votre manége, car, comme vous avez souvent passé par les piques, je crois que vous ne les exerceriez pas mal. »

Comme cette conversation alloit dans l’excès, et que les parties commençoient à s’échauffer, les domestiques qui étoient dans la chambre voisine, voyant bien que les suites n’en pouvoient être que fâcheuses, s’avisèrent d’en aller avertir le capitaine qui avoit ce jour-là la garde chez le Roi[1], qui ne manqua pas de le faire savoir aussitôt à

  1. Le capitaine des gardes du corps. Il y avoit quatre compagnies, commandées chacune par un capitaine. Le capitaine des gardes est toujours « proche de la personne du Roy, quelque part qu’il aille, à table, à cheval, en carrosse, et partout ailleurs, sans que qui que ce soit doive se mettre ni passer entre lui et le Roy, afin que rien ne l’empêche d’avoir toujours sa vue sur la personne de Sa Majesté… Le capitaine des gardes qui est en quartier est toujours logé au Louvre et assez proche de la chambre du Roy. » (États de la France.)