Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/198

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par des domestiques, qu’il mettoit auprès de lui, et qui venoient ensuite faire rapport à Sa Majesté de tout ce qui se passoit chez ce jeune prince : ainsi, s’il prenoit quelque plaisir, il falloit que ce fût en cachette ; même il a été obligé de garder les mêmes mesures depuis la mort de madame la Dauphine. Par là il est facile à conjecturer dans quel chagrin est le plus souvent ce jeune prince, qui, à l’exemple du Roi son père, aime le beau sexe. Mais pour dissiper son ennui, son recours a toujours été la chasse au loup, pour laquelle Monseigneur a un attachement tout particulier[1]. Quoi qu’il en soit, il y a longtemps que l’on sait qu’il a beaucoup d’estime pour madame la comtesse du Roure[2], et même dès le temps qu’elle étoit fille d’honneur chez madame la Dauphine. C’est une dame belle et bien prise dans sa taille, qui ne peut passer pourtant que pour médiocre ; elle a de beaux yeux vifs et amoureux, la bouche petite et

  1. Voy. ci-dessus, note 147, p. 178.
  2. Madame du Roure étoit Marie-Anne-Louise de Caumont La Force, fille de Jacques-Nompar de Caumont, duc de La Force, et de Marie de Saint-Simon-Courtaumer. Elle avoit été fille d’honneur de madame la Dauphine. Elle épousa, le 8 mars 1688, Louis-Scipion III de Grimoard de Beauvoir, chevalier, comte du Roure, marquis de Grisac, capitaine de chevau-légers, lieutenant général pour le Roi en Languedoc. La mère de celui-ci étoit cette même mademoiselle d’Artigny que nous avons vue auprès de mademoiselle de La Vallière.