Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il lui promit l’habit qu’il portoit ce jour-là. Gendarme se radoucit à cette promesse ; néanmoins, étant bien aise de le mortifier : « Ne vous l’avois-je pas bien dit, lui dit-il, aussi bien que madame la maréchale[1], que ce n’étoit qu’une p…. ! Si j’étois à votre place, je chasserois, dès que je serois au logis, ce coquin de bâtard qui ne vous appartient pas et que vous nourrissez cependant de la meilleure foi du monde, pendant que vous avez des filles qui, faute d’avoir de quoi, peut-être autant que par inclination….. ; mais il ne s’agit pas de cela maintenant, c’est pourquoi….. — Ah traître ! interrompit le maréchal, tu raisonneras donc toujours ? Quoi ! mon fils[2] n’est pas à moi ? il ne me ressemble pas comme deux gouttes d’eau ? il n’a pas les oreilles de Grancey[3], marque indubitable qu’il est de la maison ? Je te ferai pendre, et, après t’avoir sauvé de la corde à Thionville, il faut que je te renvoie à ta première destinée. »

Gendarme ne put s’empêcher de répondre à ces invectives, quand même il eût su qu’il l’eût dû encore plus maltraiter qu’il n’avoit fait. « Voilà qui est beau, vraiment, lui dit-il, de prendre le parti d’un bâtard et d’abandonner celui de ses filles. Je croyois que toute cette colère ne venoit que de ce que j’avois dit d’elles ; mais, à ce que je vois, c’est de quoi

  1. Il s’agit ici de la seconde femme du maréchal, Charlotte de Mornai. (Voy. l’avant-dernière note. Cf. I, 113.)
  2. Nous avons dit dans une note précédente (voy. ci-dessus, p. 230) que le Maréchal de Grancey avoit eu dix-neuf enfants. Il nous seroit difficile de dire de quelles filles et de quel fils entend parler l’auteur.
  3. De grandes oreilles plates. (Note du texte.)