Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/247

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vous vous souciez le moins. Il est vrai, il a vos grandes oreilles, mais est-ce une marque si indubitable qu’il vous appartient, comme vous croyez ? Combien de femmes mettent d’enfans au monde qui ont quelque chose de particulier, parce que les mères se sont arrêtées à quelque objet désagréable ? Votre m… ne peut-elle pas avoir regardé….. » Il vouloit dire un âne, mais il n’osa lâcher la parole et se mit à bredouiller entre ses dents. Comme cela lui étoit naturel, le maréchal n’y prit pas garde, et s’étant radouci, parce qu’il lui avoit accordé les oreilles : « Eh bien ! que ferons-nous donc ? lui dit-il ; et laisserai-je entre les mains de ces scélérats une enfant qu’ils ont sans doute enlevée par force ? » Gendarme, qui les savoit en débauche et qui avoit soif à force d’avoir parlé et craché, crut qu’il pourroit gagner quelques verres de vin au buffet, s’il pouvoit obliger le maréchal à les aller trouver ; c’est pourquoi, après avoir fait semblant de rêver en lui-même, pour faire l’homme d’importance : « Ma foi, si vous me croyez, lui dit-il, nous irons de ce pas où ils sont ; cela servira à deux fins : l’une, que vous ramènerez madame Du Mesnil chez elle ; l’autre, que vous empêcherez peut-être qu’il n’arrive quelque chose qui ne vous plairoit pas : car, que sait-on ? il y en a quelquefois qui ont le vin paillard et qui font rage dans ces sortes d’occasions. — Mais n’est-ce point trop me compromettre ? lui répondit le Maréchal. — La belle délicatesse que voilà ! lui dit Gendarme ; et vous qui allez tous les jours où vous savez, ne pouvez-