Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trouvoit une certaine liberté d’esprit, qu’il n’eût eu garde d’avoir si son cœur eût pris le moindre intérêt à son aventure. « Je vous croyois de mes amis tous deux, leur dit-il. Sur ce pied-là je m’attendois que vous ne feriez point de réjouissance sans moi. Vous savez qu’un raccommodement vaut une noce, et cependant vous venez de vous donner les joies du paradis sans m’y avoir appelé. Je n’ai jamais été curieux qu’aujourd’hui ; mais j’en suis rebuté pour toute ma vie. La sotte chose, de voir le plaisir des autres par le trou d’une serrure ! Et je crois que, si j’eusse été encore au collége, il m’en auroit coûté un péché mortel. Que ne laissez-vous du moins, Madame, dit-il en s’adressant à madame de Lionne, quelque femme de chambre ici ? On s’amuseroit à peloter en attendant partie. C’est un conseil que je vous donne, et dont vous vous trouverez fort bien. Cela ôtera du moins la curiosité qu’on peut avoir, et vos affaires pourroient tomber entre les mains d’un homme qui n’en usera pas aussi bien que moi. »

Quelque banqueroute qu’on ait faite à la vertu, il reste toujours une certaine confusion dès que nos affaires sont découvertes, surtout à une femme, qui a la pudeur en partage. Le duc de Sault put remarquer cette vérité en madame de Lionne : elle fut encore plus confuse qu’auparavant, et, quand ç’auroit été son mari qui lui eût parlé, je ne sais si elle auroit fait une autre figure ; elle avoit les yeux baissés, et, si elle les levoit quelquefois, ce n’étoit que pour regarder le comte de Fiesque, qu’elle sembloit exciter à prendre sa défense ; mais il étoit encore plus sot qu’elle ;