Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/261

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deux fois, il fut bien aise de l’entretenir de quelque chose de divertissant, et il crut que rien ne le pouvoit être davantage que ce qui lui étoit arrivé avec sa mère. La marquise de Cœuvres lui dit que cela ne se pouvoit pas, et que sa mère étoit trop attachée au comte de Fiesque pour avoir voulu essayer ses forces. Mais comme l’histoire n’étoit pas trop à son avantage, et qu’il n’y avoit point de serments qu’il ne fit pour la lui assurer, elle fut obligée d’y ajouter foi, et l’empêcha par là de jurer davantage.

Cependant elle eut encore d’autres marques que c’étoit la vérité, mais dont elle se seroit bien passée. Je veux dire que, le duc de Sault ayant voulu recommencer à la caresser, le charme se renouvela sur toutes les parties de son corps, de sorte qu’il devint perclus de ses membres. La marquise de Cœuvres, qui étoit une des plus jolies femmes de Paris, crut que c’étoit lui faire affront et s’en sentit touchée. Elle ne se contenta pas de lui en faire paroître quelque chose sur son visage, mais elle lui témoigna encore son ressentiment en ces termes : « Je n’ai jamais été gourmande sur l’article, et si vous saviez ce que monsieur de Cœuvres dit de moi là-dessus, vous verriez bien que ce n’est pas ce qui me fait parler. Aussi ai-je de la peine quelquefois à le souffrir, et cela lui fait dire souvent que je ne suis pas fille de ma mère et qu’il faut qu’on m’ait changée en nourrice. Cependant, quoique ma froideur le doive rebuter, il ne m’a jamais fait l’affront que vous me faites ; je ne l’ai jamais vu demeurer en chemin, et il me souvient que la première nuit