Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/265

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assez belle pour faire notre fortune à tous ; mais la réputation de son frère[1] lui a beaucoup préjudicié. Devant que je l’eusse épousée, je sais qu’on lui fit une proposition qui ne lui fut pas agréable, parce qu’elle a l’esprit tourné du bon côté, et non pas comme son frère. Depuis cela, il lui est encore arrivé la même chose ; mais elle aimeroit mieux mourir que ne se pas conformer aux sentiments de la maison où elle est entrée. La maison d’Estrées, pour être voisine de Villers-Coterets, ne s’accommode pas à son usage ; nous allons droit à Saint-Germain, et si la marquise de Cœuvres a fait autrement, c’est en cela que je me déclare son ennemi capital. A-t-elle commerce avec le

chevalier de Lorraine[2] ? qu’on la brûle ! A-t-elle commerce avec le chevalier de Châtillon[3] ? qu’on la noye ! A-t-elle commerce avec le

    étoit sœur de Bernard de Longueval, marquis de Manicamp.

  1. Sur Bernard de Longueval, marquis de Manicamp, voy. une longue note, t. 1, p. 68.
  2. Le chevalier de Lorraine, trop connu par sa liaison avec Monsieur, frère de Louis XIV (voy. t. 1, p. 8), étoit second fils de Henri de Lorraine, chef de la maison d’Armagnac, et de Marguerite de Cambout, veuve du duc de Puylaurens. Né l’an 1643, le chevalier de Lorraine mourut le 8 décembre 1702. Il portoit le titre de chevalier, comme chevalier de Malte. Nous le retrouverons dans plusieurs pamphlets. (V. I, 113, etc.)
  3. Le chevalier de Chastillon n’appartenoit pas à la famille de Coligny, dont faisoit partie une branche de Chastillon qui s’éteignit pendant la Fronde, mais à la famille de Chastillon, tronc non moins illustre d’où sortirent aussi plusieurs branches. Le chevalier de Chastillon dont il est parlé ici étoit Claude Elzéar, fils de François de Chastillon, seigneur de Bois-Rogues. Claude Elzéar fut premier gentilhomme de la chambre de Philippe de France, duc d’Orléans.