Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nuiroit pas à lui faire obtenir le chapeau de cardinal, qu’il a eu depuis, il dit qu’il s’étonnoit extrêmement de deux choses : l’une, qu’on fît le procès à sa nièce sur un simple soupçon ; l’autre, qu’on médît de sa famille ; que pour l’un, il falloit que les choses fussent claires comme le jour, avant que d’en venir là ; que pour l’autre, l’on savoit bien que la maison de Lionne s’étoit toujours distinguée parmi les autres maisons de noblesse de la province du Dauphiné ; que la malice qu’on avoit de nier une chose si avérée étoit une preuve assez authentique du peu de foi qu’il falloit ajouter à tout ce qui se disoit d’ailleurs ; que, tant qu’il avoit été à Paris, il lui avoit tenu assez bonne compagnie, pour remarquer s’il y eût eu quelque dérèglement dans sa conduite, mais qu’il ne lui avoit jamais reconnu que des sentiments dont toute sa famille devoit être contente ; qu’il y alloit prendre garde encore de plus près, et que, tant que les négociations où il étoit appelé lui permettroient de demeurer auprès d’elle, il s’y attacheroit tellement qu’il en pourroit répondre mieux que personne.

Le marquis de Cœuvres se crut obligé de le remercier de la peine qu’il vouloit bien se donner, et en lui faisant son compliment il lui dit qu’on voyoit bien peu d’oncles prendre les choses si fort à cœur qu’il faisoit. Mais il fut le seul de la compagnie qui ne pénétrât pas son dessein. Le bon prélat étoit devenu amoureux de sa nièce, et, comme il n’avoit pas le temps de filer le parfait amour, il avoit résolu de lui faire valoir ce service et d’en demander une prompte récompense. En effet, l’assemblée ne fut pas plutôt