Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/282

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deux qu’il leur devoit arriver cette nuit-là une bonne fortune, elles s’étoient munies d’un habit fort aisé à ôter, tellement que cela fut bientôt fait ; on eût dit même qu’on auroit promis quelque grande récompense à celle qui seroit déshabillée la première, tant elles paroissoient pressées.

Pendant que cela se passoit, l’évêque et monsieur de Lionne faisoient toujours le pied de grue, mais beaucoup plus inquiets l’un que l’autre : car, quoique monsieur de Lionne fût homme d’honneur, et que l’infamie dont l’évêque l’avoit averti lui donnât quelques alarmes, ce n’étoit rien toutefois en comparaison de celle que celui-ci ressentoit par sa jalousie. Toutes les pensées qu’il avoit rouloient sur sa vengeance, et, s’il eût été aussi bien homme d’épée qu’homme d’église, le duc de Sault ne seroit jamais mort que de sa main. Comme monsieur de Lionne se tenoit loin de lui, par les raisons que j’ai dites ci-devant, cela lui donnoit moyen de s’entretenir dans ses pensées, qui le flattoient tantôt, et tantôt le désespéroient ; mais comme il y étoit plongé le plus avant, monsieur de Lionne, qui venoit d’être averti par son valet de chambre de ce qu’il avoit vu, le releva de sentinelle, lui disant que ses soupçons étoient bien fondés, et qu’un homme étoit entré dans sa maison. « Mor…. ! lui dit en même temps l’évêque, en jurant ; quoi ! vous demeurez si tranquille après un tel avis, comme si l’affront ne vous regardoit pas aussi bien que moi ? » Ce fut là la réponse qu’il fit à monsieur de Lionne, après quoi il demanda au valet de chambre ce qu’il avoit vu. Celui-ci l’ayant instruit de la plus grande partie de ce que je viens de dire, il demanda pour