Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/283

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une seconde fois à monsieur de Lionne s’il laisseroit une injure comme celle-là impunie. « J’en suis d’avis, lui répondit froidement monsieur de Lionne ; il faut que ce soit ma femme ou ma fille, et le moindre éclat que je ferois nous perdroit tous de réputation. Il vaut mieux que la chose demeure entre nous trois : je connois la discrétion de mon valet de chambre, et je réponds de son secret. » Monsieur de Lionne ne pouvoit prendre dans le fond un meilleur parti ; mais l’évêque, qui prenoit feu à chaque parole : « Mor…. ! lui dit-il, jurant encore une fois comme un charretier, vous n’avez que ce que vous méritez, puisque vous voyez si tranquillement votre infamie. Mais pour moi, il ne sera pas dit que je la souffre sans me remuer ; et comme je crois que la chose regarde ma nièce aussi bien que votre femme, vous trouverez bon que je n’aie pas la même tranquillité. » A ces mots, il dit au valet de chambre, qui, pour les intrigues amoureuses de son maître, avoit une clef d’une fausse porte, de la lui venir ouvrir ; et monsieur de Lionne, se sentant piqué d’honneur, le suivit par complaisance plutôt que par inclination.

Comme le valet de chambre, après avoir vu monter le duc de Sault par dessus la muraille, avoit épié ce qu’il étoit devenu, il avoit remarqué le manége des deux dames, et, sachant dans quelle chambre elles étoient positivement, il y mena son maître et l’évêque, après que monsieur de Lionne, qui avoit une double clef de tous ses appartements, l’eût ouverte. Le duc de Sault et nos deux dames étoient si bien occupés de leurs affaires, qu’ils n’entendirent pas ouvrir la porte,