Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/284

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tellement qu’ils se trouvèrent pris, pour ainsi dire, comme dans un blé. Madame de Lionne se jeta aux pieds de son mari et le conjura de lui pardonner, lui faisant mille belles promesses de n’y retourner de sa vie. La marquise de Cœuvres, qui n’étoit pas moins confuse, ne savoit que dire de son côté ; néanmoins, s’étant approchée de l’oreille de l’évêque, qui vouloit que l’on tuât tout : « Ne me perdez pas de réputation, lui dit-elle, et, pourvu que vous apaisiez mon père et que vous cachiez la chose à mon mari, je vous promets de n’en être pas ingrate. » Monsieur de Lionne étoit si étonné par la nouveauté du fait, qu’il ne disoit pas une seule parole. Il avoit bien cru être cocu, mais d’avoir trouvé un homme couché entre la mère et la fille, c’étoit quelque chose de si étrange pour lui, qu’il n’auroit pas été plus étonné quand les cornes lui fussent venues à la tête. Tout ce qu’il put dire fut ce peu de paroles : « Malheureuse femme ! malheureuse fille ! » A quoi elles n’eurent garde de répondre.

Cependant l’évêque s’étoit grandement apaisé par les promesses qui lui avoient été faites, et comme il désiroit d’en voir l’effet à l’heure même : « Je crois que vous aviez raison, dit-il froidement à monsieur de Lionne, quand vous vouliez que nous n’approfondissions pas davantage notre infamie. Le moins de bruit qu’on peut faire dans ces sortes de choses est toujours le meilleur, comme vous me disiez fort bien ; et si vous m’en croyez, nous en demeurerons là. Il nous doit suffire de savoir ce que nous savons, sans en abreuver le public. » Cet avis, étant du