Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/311

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Les gens de finance lui plurent extraordinairement ; et comme elle aimoit le jeu, il y en eut beaucoup qui crurent que ce qu’elle en faisoit n’étoit que par intérêt.

Le marquis de Beuvron, se croyant encore assez bien fait pour mériter une bonne fortune, ne se contenta pas du reste de tant de gens ; et, madame d’Olonne ne lui étant pas plus fidèle, non-seulement il résolut de ne les plus voir ni l’une ni l’autre, mais encore de les perdre de réputation dans le monde. Comme il n’osoit se vanter hautement d’avoir couché avec les deux sœurs, il fit entendre que cela lui étoit arrivé avec une, et qu’il n’avoit tenu qu’à lui que cela ne lui fût arrivé avec l’autre. Ceux qui les connoissoient toutes deux n’eurent pas de peine à le croire ; mais il y en eut aussi qui s’imaginèrent qu’il n’y avoit que le dépit qui le faisoit parler de la sorte ; si bien qu’au lieu de leur faire le tort qu’il croyoit, il y en eut beaucoup qui furent excités à les voir seulement par curiosité.

Il n’étoit pas étonnant que le comte d’Olonne s’accoutumât ainsi à voir sa femme recevant tant de visites, puisque depuis qu’il étoit marié sa maison n’avoit point désempli de toutes sortes de gens. Mais pour le maréchal de la Ferté, c’est ce qu’on ne pouvoit comprendre, lui qui avoit fait à sa femme le compliment que j’ai remarqué ci-dessus, la première nuit de ses noces, et qui, sur un simple soupçon, s’étoit résolu d’assassiner lui-même son valet de chambre. Il est encore étonnant comment, après un coup comme celui-là, il lui avoit pardonné ; mais c’est par une raison que le monde ne sait pas, et que je vais