Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/317

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honte, et s’il pouvoit songer à l’état où il étoit sans rougir. Il voulut faire le dissimulé, croyant que son affaire n’avoit pas éclaté dans le monde ; mais la femme de chambre lui ayant dit qu’on la savoit depuis un bout jusqu’à l’autre, il en eut une grande confusion. Cependant il ne voulut pas suivre le conseil qu’elle lui donnoit, qui étoit de quitter madame d’Olonne, et de donner ce contentement à sa mère, qui s’en mouroit de douleur.

C’étoit une assez grande fortune à une vieille comme elle que d’avoir ainsi un amant jeune et riche. Cependant elle n’approchoit pas de celle de sa sœur, qui, après avoir tâté, comme j’ai dit, de toute la Cour, et même du comte d’Olonne, son beau-frère, mit enfin au nombre de ses conquêtes un jeune prince qui avoit infiniment de mérite. Ce fut le duc de Longueville, neveu du prince de Condé[1]. Il n’avoit pas encore vingt ans ; mais, comme il étoit bien fait, et d’une taille à promettre de grands plaisirs, il n’y eut point de femme à la Cour qui ne fît quelque entreprise sur son cœur. La maréchale, qui depuis quelques années avoit fait l’amour, s’il faut ainsi dire, tambour battant, se doutant bien que sa réputation n’étoit pas trop bonne, et se défiant, par conséquent, de son bonheur, soupiroit en secret de se voir échapper des mains

  1. Voy. t. 2, p. 402-403. Le duc de Longueville étant né en 1649, il semble que nous soyons à peine arrivés à l’année 1669 ; il y a ici une contradiction avec ce qui est dit deux pages plus haut, où l’on montre M. de Fervaques gouverneur du Maine.