Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/325

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maîtresse ; mais qu’il n’avoit pas si méchante opinion d’elle que de la croire capable de se laisser mâtiner par un si malhonnête homme, pendant qu’elle en avoit à sa dévotion mille qui étoient plus honnêtes gens que lui.

Je ne sais si ce discours fut rapporté au comte d’Olonne, mais enfin tout son ressentiment se borna à chanter pouille à la maréchale, à qui il reprocha, l’ayant trouvée chez une de ses amies, qu’elle ne l’avoit pas toujours traité si indifféremment.

La maréchale, qui eût été bien aise que son amie eût pris le change, lui répondit, avec une grande présence d’esprit : « Il n’y a pas beaucoup de quoi s’étonner, Monsieur : je vous ai traité comme mon beau-frère tant que vous en avez bien usé avec ma sœur ; mais maintenant que vous en usez mal avec elle, je n’aurois guère de sentiment si je vous voyois du même œil que je vous ai vu. » Ces paroles se pouvoient attribuer sur ce qu’enfin il s’étoit séparé de sa femme, et qu’il étoit le premier à en faire médisance ; et le dessein de la maréchale étoit que la dame leur donnât cette explication. Mais enfin d’Olonne étoit piqué trop au vif pour la ménager, et afin que l’autre ne s’y trompât pas : « Non, non, Madame, lui dit-il, trève de vos finesses, elles sont trop grossières pour que Madame donne dedans. Je ne parle pas de votre sœur, mais de vous-même, à qui j’ai donné plus de dix mille écus, croyant que vous me seriez fidèle ; mais et comme amant, et comme mari, je ne suis pas plus heureux ; et cela parce que ma destinée a voulu que je me sois adressé à votre famille. »