Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

eut un peu de malice à lui en faisant cela, et il commençoit à se lasser d’acheter ses bonnes grâces si cher ; mais, comme ce n’étoit pas son compte, elle lui écrivit un nouveau billet par lequel elle le faisoit ressouvenir de sa promesse. Il lui envoya son argent, mais il l’accompagna de cette réponse :

Lettre de Bechameil a la Maréchale de la Ferté.


On ne fait le bail des fermes que de neuf ans en neuf ans, et le payement s’en fait de quartier en quartier, par avance. Je vous en parle comme savant, y ayant bonne part, dont je ne me repens point, parce que cela m’a appris à vivre. Comme je suis donc un homme d’ordre, je vous dirai qu’il n’y auroit pas moyen d’avoir commerce avec vous, si je ne savois comment il nous faut vivre ensemble. Je ferai un bail de votre ferme quand il vous plaira, j’en fixerai le prix et le temps du payement ; mais après cela, n’ayez rien à me demander : autrement il n’y auroit pas moyen d’y subvenir, et vous m’enverriez bientôt à l’hôpital.

Cette lettre ne plut point à la maréchale, qui s’attendoit qu’elle pourroit fouiller dans sa bourse toutes et quantes fois qu’elle voudroit ; et comme si la marchandise qu’elle lui donnoit eût valu son argent, peu s’en fallut qu’elle ne lui écrivît des reproches. Elle laissa passer quelques jours sans rien dire, pour voir s’il ne reviendroit