Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/345

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que lui, qu’on avoit estimé le plus riche de Paris, ne subsistoit plus que par le moyen des bienfaits qu’il tiroit de la cour, et des lettres d’État[1] qu’il étoit obligé de prendre. Elle fit donc ce qu’elle put pour le faire revenir : mais, soit qu’il vît bien qu’il ne devoit pas se fier à sa parole qu’elle lui donnoit d’en mieux user dorénavant avec lui, ou qu’il commençât à s’en dégoûter, il ne voulut jamais rentrer en commerce.

Comme, de tous ceux qu’elle voyoit, il n’y en avoit point qui fût assez dupe pour fournir à l’appointement, ce fut à elle après cela à retrancher sa dépense, ce qui lui fit bien mal au cœur. Son mari étant venu à mourir[2] peu de temps après, ce fut encore tout autre chose, et les pensions qu’il avoit ne venant plus, il fallut qu’elle se réduisît au petit pied. Pour rendre sa fortune meilleure, elle s’avisa alors, non pas de jouer, car elle n’en avoit plus le moyen, mais de donner à jouer chez elle au lansquenet, afin que, par le moyen d’une certaine rétribution qu’elle en tiroit, cela la pût consoler de tant de pertes

  1. Les lettres d’État étoient celles que le Roi donnoit aux ambassadeurs, aux officiers de guerre et à tous ceux qui sont absents pour le service de l’État. Elles portoient surséance de toutes les poursuites qu’on pouvoit faire en justice contre eux. Elles ne s’accordoient que pour dix mois ; mais, dit Furetière, qui fait d’une définition une satire politique, on les renouvelle tant que le prétexte dure.
  2. Le pamphlet marche, on le voit, assez vite. La mort du duc de Longueville, dont nous ne sommes pas encore bien éloignés, est de 1672. Nous sommes maintenant amenés à la mort du maréchal de La Ferté. Le maréchal mourut le 27 septembre 1681, âgé de quatre-vingt-un ans.