Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/35

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Il voyoit mille cœurs qui s’empressoient sans cesse
De venir en foule à sa cour,
Car les cœurs ont cette foiblesse
Depuis que l’univers est soumis à l’Amour.
Le cœur d’Iris ne pouvoit se contraindre ;
Il les regardoit tous avec quelque mépris.
Il n’appartient qu’au cœur d’Iris
De connoître l’Amour et de ne le pas craindre.
Ce conquérant avoit droit de s’en plaindre ;
Que l’on ne soit donc pas surpris
Si, rempli d’une noble audace,
Il voulut attaquer cette invincible place ;
Il le voulut en effet,
Et ce que l’Amour veut est fait.
Avant que d’entreprendre une si juste guerre,
Il fit assembler son conseil.
Ce conseil n’a point de pareil
Ni dans les cieux ni sur la terre ;
C’est un agréable amas
De guerrières vigilantes,
Qui sont toutes ses confidentes,
Et qui toutes ont des appas.
L’on y vit la Magnificence,
L’Espérance, la Complaisance,
La Tendresse, la Propreté.
L’on y vit la Flatterie,
La Hardiesse et la Galanterie.
L’Amour les aime avec égalité ;
Car elles sont sous son obéissance,
Et le servent de tous côtés,
En rendant toutes les beautés
Tributaires de sa puissance.