Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/351

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ne put souffrir celle-là, et lui répliqua que si ce n’étoit pas à lui à parler, c’étoit encore moins à elle, qui étoit une vieille p…… Là-dessus, il lui dit le nom de tous ceux qui avoient eu affaire à elle, et il en nomma jusqu’à soixante-douze, chose incroyable, si tout ce qu’il y a de gens à Paris ne savoient que je ne rapporte rien que de vrai. La maréchale lui dit d’abord de parler de sa femme[1], et qu’il y avoit plus à reprendre sur elle que sur qui que ce soit ; mais le duc de la Ferté lui ferma la bouche en lui disant qu’il savoit bien qu’il étoit cocu, mais que cela n’empêchoit pas que son père ne l’eût été en herbe, en gerbe et après sa mort.

Ce furent ses propres termes, qui désolèrent tellement la maréchale, qu’elle se prit à pleurer. Mais elle avoit affaire à un homme si tendre, qu’au lieu d’en être touché, il n’en fit que rire. Cette comédie s’étant passée de la sorte, la maréchale alla se plaindre au comte d’Olonne, chez qui elle savoit qu’il alloit souvent. « Vous n’avez que ce que vous méritez, lui répondit alors le comte ; et après avoir voulu tâter, comme vous avez fait, du sceptre jusqu’à la houlette, comment voulez-vous que vos affaires ne soient pas publiques ? » Il lui fit ce reproche parce qu’il se ressentoit du passé ; mais, après s’être donné ce petit contentement, il lui promit que cela n’empêcheroit pas qu’il ne fît correction à son fils. En effet, l’ayant vu une heure après, il lui dit qu’il avoit tous les torts du monde d’avoir parlé à sa mère comme il

  1. Voy. la note précédente.