Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui vouloit enlever Fervaques : car elles se prirent si bien de paroles, qu’elles se dirent toutes leurs vérités. On trouva cela fort vilain pour des femmes de qualité, et encore pour deux sœurs. Cependant cela n’étoit pas extraordinaire, et il étoit arrivé la même chose à quelques autres que je nommerois bien si cela étoit de mon sujet. Quoi qu’il en soit, la maréchale fut bientôt sur le pied de s’entendre dire de pareilles pauvretés, et le duc de La Ferté, son fils[1], homme adonné, s’il en fut jamais, à toutes sortes de débauches, fut lui-même de ceux qui ne la ménagèrent pas. Elle avoit quelque chose à démêler avec lui pour quelques intérêts ; aussi lui, qui n’avoit pas trop de bien pour fournir à ses désordres, ne pouvant souffrir qu’elle lui demandât un douaire et des conventions, commença ses litanies par lui dire si, après avoir ruiné son père, elle vouloit encore lui ôter ce qui lui restoit. La maréchale, n’étant pas demeurée court, comme de raison, à ces reproches, lui dit que c’étoit bien à lui de parler, lui qui étoit non-seulement le mépris de toute la cour, mais encore de toute la ville. C’étoit la pure vérité ; mais comme toutes sortes de vérités ne sont pas bonnes à dire, il

  1. Henri-François de Saint-Nectaire, né le 23 janvier 1657, duc par la démission de son père, agréée par le Roi le 8 janvier 1678. Colonel d’un régiment d’infanterie, puis brigadier, puis maréchal de camp et enfin lieutenant général ; il fut aussi gouverneur de Metz et pays Messin, ville et évêché de Verdun, Vic et Moyenvic, aussi par la démission du maréchal son père. Le duc de La Ferté, qui avoit épousé, le 18 mars 1675, Marie-Isabelle de La Mothe-Houdancourt, fille du maréchal de ce nom, mourut le 1er août 1703, âgé seulement de quarante-six ans. — Cf. t. 2, p. 424.