Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/364

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pour attirer à la perfection ; qu’ainsi, bien loin de murmurer contre sa providence pour les sujets de chagrin qu’il lui envoyoit, il avouoit tous les jours qu’il lui en étoit bien redevable.

Le chevalier de Tilladet n’eut rien à répondre à cela, et chacun crut que l’humilité du duc de Grammont, jointe à une si grande sincérité, feroit faire réflexion aux avantages qu’il avoit par dessus les autres, soit pour les charmes de sa personne ou pour le rang qu’il tenoit. En effet, il alloit obtenir tout d’une voix la chose pour laquelle on étoit alors assemblé, si le comte de Tallard[1] ne se fût avisé de dire que l’ordre alloit devenir trop fameux pour n’avoir qu’un grand maître ; que tous trois étoient dignes de cette charge, et qu’à l’exemple de celui de Saint-Lazare[2], où l’on venoit d’établir plusieurs grands-prieurs, on ne pouvoit manquer de les choisir tous trois.

  1. Voy. ci-dessus, p. 228.
  2. Le marquis de Nérestang, restaurateur de l’ordre presque éteint de Saint-Lazare, se décida, en 1666, à user d’un droit qui lui étoit accordé par les bulles des papes Pie V et Paul V : il nomma des titulaires aux cinq grands-prieurés de l’ordre. A la date du 4 juin de cette année, « il fit : 1º grand-prieur, bailli et son vicaire général, tant par terre que par mer, dans la langue d’Aquitaine, le chevalier César Brossin, marquis de Méré ; 2º grand-prieur et bailli des provinces de Dauphiné et de Lyonnois, le commandeur Loras de Chamanieu ; 3º grand-prieur et bailli de la langue des Belges, le chevalier Le Picard, marquis de Sévigny ; 4º grand-prieur et bailli de la langue de France, le commandeur François de Bernières ; 5º grand-prieur et bailli du Languedoc, le chevalier de Solas, président à la Chambre des comptes et Cour des aides de Montpellier ; tous avec le titre de vicaire général du grand-maître dans leur grand-prieuré. » (Gautier de Sibert, Hist. de l’ordre de Saint-Lazare, 1772, 2 vol. in-12, t. 2, p. 103.)