Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/365

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Chacun, qui prétendoit à son tour de parvenir à cette dignité, approuva cette opinion ; mais comme on fit réflexion que dans quelque établissement que ce soit, c’est dans les commencements où l’on a particulièrement besoin d’esprit, on résolut de faire choix d’un quatrième, parce que les trois autres n’étoient pas soupçonnés de pouvoir jamais faire une hérésie nouvelle. Le choix tomba sur le marquis de Biran[1], homme qui avoit plus d’esprit qu’il n’étoit gros ; mais dont la trop grande jeunesse l’eût exclus de cet honneur sans le besoin qu’on en avoit. D’abord que l’élection fut faite, on les pria de travailler tous quatre aux règles de l’ordre, dont le principal but consistoit de bannir les femmes de leur compagnie. Pour pouvoir vaquer à une chose si sainte, ils quittèrent non-seulement la cour, mais encore la ville de Paris, où ils craignoient de recevoir quelque distraction, et, étant enfermés dans une maison de campagne, ils donnèrent rendez-vous aux autres deux jours après, leur promettant qu’il ne leur en falloit pas davantage pour être inspirés. En effet, chacun les étant allé trouver au bout de ce temps-là, on trouva qu’ils avoient rédigé ces règles par écrit, dont voici les articles :


I.

Qu’on ne recevroit plus dorénavant dans l’ordre des personnes qui ne fussent visitées par les grands

  1. Sur le marquis de Biran, plus tard duc de Roquelaure, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 165, la fin de la note consacrée à son père, et t. 2, p. 423.