Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/368

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dressées ; et, ayant été lues en présence de tout le monde, elles furent approuvées généralement, à la réserve que quelques-uns furent d’avis qu’on apportât quelque tempérament à l’égard des femmes, crime qu’ils vouloient n’être pas traité à la dernière rigueur, mais pour lequel ils souhaitoient qu’on pût obtenir grâce, après néanmoins qu’on l’auroit demandé en plein chapitre et observé quelque forme de pénitence. Mais tous les grands-maîtres se trouvèrent si zélés que ceux qui avoient ouvert cette opinion pensèrent être chassés sur-le-champ ; et s’ils n’avoient témoigné un grand repentir, on ne leur auroit jamais pardonné leur faute.

On célébra dans cette maison de campagne de grandes réjouissances pour être venu à bout si facilement d’une si grande entreprise ; et après bien des choses qui se passèrent, et qu’il est bon de taire, on convint que les chevaliers porteroient une croix entre la chemise et le justaucorps, où il y auroit élevé en bosse un homme qui fouleroit une femme aux pieds, à l’exemple des croix de saint Michel[1], où l’on voit que ce saint foule aux pieds le démon.

Après qu’on eut accompli ces saints mystères, chacun s’en revint à Paris, et quelqu’un n’ayant

  1. L’ordre de Saint-Michel fut institué par Louis XI, à Amboise, le 1er août 1469. Les chevaliers portoient un collier d’or fait à coquilles lacées l’une avec l’autre, et posées sur une chaînette d’or d’où pendoit une médaille de l’archange saint Michel. Tous les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit prenoient l’ordre de Saint-Michel la veille du jour où ils recevoient l’ordre du Saint-Esprit, et c’est pour ce motif que leurs armes étoient entourées d’un double collier et qu’on les appeloit chevaliers des ordres du Roi.