Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/385

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Néanmoins, comme il se représenta dans le même moment tout ce qui pouvoit arriver s’il suivoit ses premiers mouvements ; il étouffa tout ce que le plaisir lui pouvoit promettre de plus charmant, et feignant de n’avoir pas pris garde à ce qu’elle avoit fait, il sortit pour aller à son emplette. Etant revenu du Palais, il prit son temps de lui donner ce qu’il avoit acheté en présence de sa mère, afin de n’être pas obligé d’entrer davantage dans sa chambre. Et, quoiqu’elle l’envoyât encore quérir tous les jours, il supposa des affaires à tout moment, qui lui firent éviter le péril qu’on lui préparoit : car, quoiqu’on ne puisse pas dire positivement quel étoit le dessein de mademoiselle de Toussi, après ce qui venoit d’arriver, néanmoins il est à présumer que, sa folle passion durant toujours, elle l’eût portée à d’étranges extrémités. Le refus que d’Hervieux faisoit de venir dans sa chambre l’outra extraordinairement contre lui. Cependant tout cela n’étant pas capable de la guérir de sa passion ; elle continua ses importunités, et garda si peu de mesures que sa mère s’aperçut à la fin qu’il y avoit de l’empressement à elle de le chercher. Elle en devina la cause aussitôt ; mais, étant bien aise de convertir ses soupçons en une assurance certaine, elle fit cacher dans la chambre de sa fille une femme en qui elle se confioit comme en elle-même, puis envoya d’Hervieux la trouver sous prétexte de lui dire quelque chose de sa part. D’Hervieux fut fâché de ce commandement ; mais, ne pouvant se dispenser d’obéir, il y fut, et auroit essuyé de mademoiselle de Toussi tous