Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/386

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les reproches qu’une fille prévenue de passion comme elle étoit capable de faire si, voyant qu’elle ne demeuroit plus dans le silence, il ne l’eût interrompue en lui disant qu’il croyoit que ce qu’elle en faisoit n’étoit que pour tenter sa fidélité ; que cependant, quoi qu’il en pût être, il alloit demander son congé à madame la maréchale ; qu’après cela elle chercheroit sur qui rejetter ses railleries, mais que pour lui il n’en vouloit plus être le sujet.

Cette conversation ayant été rapportée mot à mot à la maréchale par celle qui étoit en embuscade, elle vit bien que ses soupçons n’étoient pas mal fondés ; et d’Hervieux lui ayant demandé un moment après permission de se retirer, sous prétexte de quelques affaires qu’il avoit en son pays : « Oui, lui dit-elle, je vous l’accorde volontiers, mais à condition que je reconnoîtrai auparavant, non pas comme je voudrois, mais du moins comme je pourrai, les services que vous m’avez rendus. » A ces mots, elle lui fit connoître qu’elle savoit la cause de sa retraite, et le pria de vouloir être toujours aussi secret qu’il avoit été fidèle.

D’Hervieux fit le surpris à cette ouverture, et ne voulut jamais rien lui avouer, ce qui lui donna encore plus d’estime pour lui. Cependant elle lui procura le consulat de Tunis, avec une pension de mille francs sur un évêché[1], et fit recevoir sa

  1. Les pensions étoient accordées par le Roi, qui les faisoit assigner tantôt sur un revenu, tantôt sur un autre. Nous avons vu des pensions assises sur des fermes, sur l’épargne, sur des prieurés, des évêchés, etc.