Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et, ayant demeuré plus longtemps qu’il n’avoit cru, il arriva cependant que le duc d’Aumont se présenta pour épouser mademoiselle de Toussi.

C’étoit un homme non-seulement d’une ancienne maison, mais qui étoit encore distingué par un gouvernement de province et par une grande charge. Il étoit premier gentilhomme de la chambre, gouverneur du Boulonnois, et duc et pair ; si bien que c’eût été un parti extrêmement avantageux, s’il n’eût eu un fils de son premier lit, avec quelques filles[1]. Il avoit épousé en premières noces, comme nous avons dit, la sœur du marquis de Louvois[2], qui étoit morte bien misérablement, ce qui faisoit présumer qu’il ne se chargeroit jamais de femme. Cette dame, à qui rien ne manquoit du côté de la magnificence, avoit un chapelet de diamants de grand prix, et un jour qu’il y avoit chez elle beaucoup de personnes de qualité, on le lui prit sur une table. Ce chapelet se trouvant perdu, elle ne sut sur qui faire tomber son soupçon ; et comme elle avoit une curiosité inconcevable de savoir qui l’avoit dérobé, elle écouta volontiers quelques propositions qu’on lui fit d’aller au devin[3]. Elle y fut donc, et le devin

  1. Le duc d’Aumont, outre la fille dont nous avons parlé, qui fut mariée au marquis de Beringhen, eut une autre fille, Anne-Charlotte d’Aumont, qui, née en 1666, épousa, le 4 février 1683, le marquis de Créqui ; le fils du duc d’Aumont, marquis de Villequier, fut reçu premier gentilhomme de la chambre en survivance, et prêta serment le 7 avril 1683 en cette qualité.
  2. Voy. ci-dessus note 296, p. 363.
  3. La croyance aux devins et aux sorciers étoit générale au XVIIe siècle, et il n’est pas rare de voir des écrivains sérieux trahir la crainte qu’ils ont des sorciers.