Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/417

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belles parties pour les dames ? Gros, large, robuste, bien fait ; au lieu que je suis menu, effilé, foible, et enfin n’ayant aucune de ses belles et bonnes qualités. » Il ne voulut pas encore conter mille histoires qu’il savoit bien, de peur que le grand nombre ne lui fît connoître qu’on ne pouvoit estimer une femme qui en avoit tant. Cependant, la marquise ne voulant pas tomber d’accord de cette vérité, elle lui nia tout ce qu’il disoit ; mais lui n’en voulut rien rabattre. Elle fut obligée de lui dire que quand même cela seroit, qu’est-ce que cela concluoit si fort contre elle ? qu’à l’âge qu’elle avoit, et ayant toujours été du monde, ce n’étoit pas une chose extraordinaire qu’elle eût été aimée d’un honnête homme et d’un homme de qualité : que le prince de Courtenay étoit tel, et que, quand elle auroit eu quelque reconnoissance pour lui, c’étoit une chose trop vieille pour en garder encore le souvenir ; que, si cette intrigue se passoit de son temps, elle ne trouveroit pas à redire à sa délicatesse ; mais que, ne le connoissant pas seulement dans le temps dont il vouloit parler, c’étoit proprement lui vouloir faire une querelle d’Allemand.

La raison étoit fort bonne, et tout ce qu’il eut à dire fut qu’il en convenoit, mais que, comme on n’étoit pas maître de ses réflexions, ce n’étoit pas sa faute si elles avoient produit un accident si funeste. Au même temps, pour lui faire connoître qu’il ne tenoit pas à lui que les choses n’allassent mieux, il se remit à la caresser ; ce qui faisant croire à la marquise qu’il falloit qu’il se sentît, elle oublia la querelle, pour ne pas