Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/424

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alors extrêmement en vogue à Paris ; les femmes voloient leurs maris pour y jouer, les enfants leur père, et jusques aux valets : ils venoient regarder par-dessus l’épaule des joueurs, et les prioient de mettre une année de leurs gages sur une carte. Madame de Rambures y étoit encore plus chaude que tous les autres, et, quoiqu’on lui vînt donner tous les matins des leçons pour savoir la suite des cartes, ou elle ne l’avoit pas bien retenue jusque-là, ou son malheur étoit plus grand que sa science.

    en 1666, le Roi lance un édit dans le même but ; en 1680, la bassette, introduite en 1674 ou 1675 par l’ambassadeur de Venise Justiniani, est mise en cause pour la première fois devant le Parlement. L’arrêt, daté du 16 septembre, porte : « Comme, outre tous ces jeux de hazard cy-devant défendus, on en a introduit un depuis quelque temps, appelé la bassette, où l’on assure que ceux qui le tiennent ont une certitude entière de gagner avec le temps, et que les pertes faites audit jeu par plusieurs enfants de famille les ont engagez emprunter de l’argent à tel denier que lesdits particuliers accusez d’usure ont voulu exiger d’eux, ledit procureur général estime estre obligé d’avoir recours à l’autorité de la cour pour faire renouveler les défenses générales prononcées contre tous les jeux de hazard, et encore plus grandes contre ceux qui donneront à jouer chez eux audit jeu de la bassette, et contre ceux qui y joueront. »

    D’année en année les mêmes mesures sont renouvelées. Enfin, le 5 janvier 1685, «Sa Majesté, estant en son conseil, a défendu et défend très expressément à tous ses sujets, de quelque qualité et condition qu’ils soient, de plus continuer à jouer audit jeu de la bassette, soit ès assemblées publiques, dans leurs maisons en particulier, et sous quelque nom et prétexte que ce soit, à peine de trois mille livres d’amende, au payement de laquelle Sa Majesté veut que les contrevenants soient contraints par toutes voies, mesme par saisie et exécution de leurs biens, meubles, chevaux et carrosses. »

    On changea le nom du jeu. Le hocca s’appela pharaon ou barbacolle ; la bassette devint le pour et contre. Sous ces