Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/428

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bon parti : je me lierai les mains, et vous y trouverez bien autant votre compte qu’à vous faire payer de ce que je vous dois. » Caderousse, qui ne se souvenoit de ce qu’il avoit promis à sa femme qu’à l’égard de madame de Rambures, c’est-à-dire qu’à l’égard de sa personne, qui étoit perdue de réputation, étant bien éloigné d’être dans les mêmes sentiments pour sa fille, qui n’avoit pas encore été en état de se laisser corrompre, lui répondit que c’étoit une chose à quoi il falloit qu’elle pensât plus sérieusement, et à quoi il devoit penser aussi lui-même ; que la nuit leur porteroit conseil à l’un et à l’autre, et qu’il la verroit le lendemain. Elle eut de la peine à le laisser aller, ou plutôt à lui laisser emporter son argent.

Aussi lui dit-elle que, s’il se résolvoit d’accepter la proposition, il se donnât bien de garde d’en faire un méchant usage ; qu’elle s’attendoit qu’il le lui rendît, et qu’à moins que de cela il n’y auroit rien à faire. — Caderousse lui dit qu’elle dormît en repos là-dessus, et, faisant réflexion à la chose, il la trouva si avantageuse, qu’il fut dès le lendemain matin dire à madame de Rambures que, si elle avoit parlé de bonne foi, il étoit prêt de passer le contrat.

Madame de Rambures, qui n’avoit pas dormi de toute la nuit, de crainte qu’il ne la rebattît encore de la dernière volonté de sa femme, fut ravie de se voir à la veille de ravoir son argent,

    elle n’avoit pas d’autre frère, et, de ses deux sœurs, l’une fut religieuse, l’autre épousa, en 1686, le marquis de Polignac. — Marie-Renée de Rambures fut en effet la seconde femme du duc de Caderousse.